Roger Federer est sorti vainqueur (7-6 6-7 7-6 7-5) d’un match très crispant contre l’Allemand Dominik Koepfer (ATP 59), au 3e tour de Roland-Garros. Après 3h35 de lutte dans la nuit parisienne, le Bâlois s’est exprimé en conférence de presse peu avant 2h du matin. Et derrière son évident bonheur est apparu un gros doute: sera-t-il sur le court, lundi en huitième de finale pour affronter l’Italien Matteo Berrettini, 9e joueur mondial

A quel point vous êtes-vous fait du souci durant ce match?

Eh bien, c’est vrai qu’après le deuxième set, je n’étais pas sûr de ce qu’il me restait dans le réservoir, car nous avions déjà livré une bonne bataille. Je me suis dit que je devais peut-être ralentir le rythme, notamment d’un point de vue émotionnel, me relaxer un peu et laisser l’expérience prendre le dessus. Il fallait voir comment je me sentirais par la suite, sachant que dans un match en cinq sets, il y toujours des moments où vous vous sentez plus ou moins bien. Mais en fait, ce n’est pas tellement la question. La question est de savoir comment je me sens après cette victoire, pas de savoir si je me suis inquiété ou non.

A quel point ce match était-il important pour vous, dans le cadre de votre retour au jeu?

Je pense qu’il était très important. Je n’avais clairement pas fait d’entraînement de 3h35. J’ai puisé dans mes réserves autant que je le pouvais, tout en restant raisonnable. Aujourd’hui, c’était un cap immense pour moi-même et pour mon équipe. En fait, je ne m’attendais pas à pouvoir gagner trois matches ici, ni à rééditer une aussi bonne performance après celle que j’avais livrée contre Cilic, qui plus est dans des conditions complètement différentes. Donc je suis très heureux ce soir (ndlr: la conférence de presse a débuté dimanche à 1h45). Je pense qu’il y a beaucoup de choses à analyser avec mon équipe sur la base de ce match.

Comment avez-vous vécu le fait d’évoluer sans public?

Heureusement, jouer sans les fans est quelque chose qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps, quand j’étais jeune. Je savais bien que cela m’arriverait à un moment ou un autre, avec cette pandémie qui n’est pas terminée. Ce sera la même chose à Halle. Ce n’était pas facile d’entrer sur le court ce soir. Jouer Koepfer, en session de nuit à Paris, sans public: il y avait beaucoup de premières pour moi. Donc je suis content d’avoir trouvé les clés pour m’en sortir, spécialement au niveau émotionnel. J’ai su gérer la perte du deuxième set, continuer à repousser mes limites, puiser de l’énergie auprès de mon équipe. Comme on était samedi soir, j’ai imaginé que beaucoup de gens regardaient le match à la télé. J’ai joué pour eux, c’était ma source d’inspiration.

Vous êtes en quête d’informations concernant votre genou et vous n’avez pas joué beaucoup de matches jusqu’à présent. Jusqu’à quel point avez-vous envie de pousser encore la machine, maintenant que vous êtes en deuxième semaine du tournoi?

C’est intéressant, en un sens, de ne pas savoir vraiment où on en est, comme cela avait été le cas lors de mon retour à la compétition en 2017. Personne ne sait réellement ce que je peux faire, même pas moi. C’est excitant mais honnêtement, je préférerais être dans les baskets de Rafa ou Novak actuellement, et savoir qu’à partir du moment où je joue bien, je gagne. J’ai besoin de matches comme celui-ci, ce sont des étapes pour moi. Il faut analyser les choses en profondeur ce soir, mais aussi demain matin (dimanche). Je vais devoir décider si je continue à jouer dans ce tournoi ou pas, si ce n’est pas trop risqué d’appuyer encore, s’il n’est pas plus judicieux de prendre du repos. Le fait est que cette année, il n’y a pas de semaine de pause entre Roland-Garros et Halle, comme d’habitude. Nous verrons ce qui est préférable, sachant que Wimbledon approche. J’ai beaucoup de choses en tête. Je sais que j’aurais pu jouer un cinquième set, mais je ne sais pas dans quel état je me serais réveillé le lendemain matin. C’est une période particulière pour moi.

Était-il raisonnable de commencer un match aussi tard et êtes-vous en train de dire que vous pourriez vous retirer de ce Roland-Garros?

Après chaque match, que ce soit à Genève ou ici, je dois réévaluer la situation et voir comment mon genou réagit. Comme je l’ai déjà dit, je n’avais plus joué pendant 3h ou 3h30 depuis longtemps, même à l’entraînement. Sinon, désolé, il est si tard que j’ai oublié votre première question… Ah oui, justement, c’était la question (sourire). Bon, à l’US Open ou ailleurs, il m’est arrivé de finir encore plus tard. Cela fait partie du business. Ce n’est idéal pour personne d’aller se coucher à 3h du matin, lorsqu’on est un athlète, mais c’est comme ça. La seule chose qui est sûre, c’est que sur terre battue, les choses sont très différentes quand vous jouez de jour ou de nuit. Sur dur, c’est assez similaire mais là, ce n’est pas comparable. Mais bon, je suis heureux d’avoir joué. Je suis heureux d’avoir gagné.

LE MATIN