Des différences subsistent encore et toujours entre les hommes et les femmes en matière de pratique sportive de masse et de haut niveau, ou de représentativité dans les instances sportives. Pourquoi les femmes ont-elles dû se battre davantage que les hommes pour pratiquer le sport ? Quelles furent les étapes de ce long combat ? Plongée au cœur d’une histoire passionnante et méconnue.
La pratique sportive est intimement liée à l’utilisation et l’exploitation du corps. De fait et au fil des époques, l’appropriation du sport par les femmes s’est « naturellement » heurtée aux représentations normatives du corps et de la féminité qui englobent donc la sexualité, la beauté et la maternité. Au fil des décennies, le corps médical, les institutions, les politiques et l’opinion publique se sont emparés de ce débat et ont dicté le cadre de la pratique sportive pour les femmes et les filles. Les facteurs sociaux, culturels et conjoncturels ont contribué à créer les inégalités dans l’accès au monde du sport pour les femmes. L’école et l’éducation physique, en particulier, ont eu un rôle majeur dans l’intériorisation des modèles de féminités . Du reste, l’histoire nous montre deux processus différents pour l’accès à des disciplines considérées comme « masculines » (football, rugby, boxe, lutte) ou les disciplines « gracieuses » telles que la gymnastique, le patinage.
Le nom Kallipateira ne vous dit peut-être rien. Pourtant, elle est la cause de la mise en place des premiers tests de féminité aux jeux Olympiques. En 440 avant J.-C, elle entraîna son fils pour les JO, et se déguisa en homme pour l’accompagner à Olympe, tant excitée par la victoire de son fils, que sa tenue se décrocha. Les dirigeants décidèrent ainsi qu’entraîneurs et athlètes participerait en tenue d’Adam, pour ne plus se faire avoir. Ironie de l’histoire : de nos jours, les tests de féminité sont utilisés pour s’assurer au contraire, qu’un homme ne se fait pas passer pour une femme ! Jusqu’en 1800, il était très mal vu pour les femmes de participer à des compétitions ou combats, la plupart se déguisant pour prendre la cotte de mailles. La guerre et le sang étaient leur quotidien.
Les rares exemples de femmes sportives avant le 19e siècle ne concernent que quelque nobles. En 1427, Margot la Hennuyère remporta une compétition de jeu de paume, ancêtre du tennis. Son jeu impressionna les hommes. 140 ans plus tard, la reine d’Écosse Mary Stuart, première femme à pratiquer le golf, provoqua un scandale en jouant une partie peu de temps après le meurtre de son époux, Lord Darnley, dont son implication fait encore débat.
Aux JO de 1900, il n’y avait que 2,1% d’épreuves féminines. lors des derniers jeux Olympiques . La parité a été presque atteinte avec un peu moins de 50%. Toutefois, de nombreux combats restent à mener. Songez que le saut à skis n’est autorisé pour les femmes aux Jeux olympiques que depuis 2014. La place des femmes au sein des instances sportives et dans les métiers du sport reste limitée, tout comme la place accordée au sport féminin dans les grands médias. Le développement de la pratique sportive féminine est certainement l’un des faits marquants des évolutions dans le champ sportif au cours de ces dernières années.
Les exploits des sportives peuvent également constituer un formidable exemple pour réfuter les stéréotypes sexués qui cantonnent les femmes à certaines activités, et faire ainsi progresser l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société tout entière.
Dans la perspective des prochains Jeux olympiques de Tokyo, Le Mouvement olympique se doit d’ assurer pleinement le respect de trois principes consacrés par la Charte olympique : le principe de neutralité du sport qui s’oppose au port de signes religieux par les athlètes, le refus de toute discrimination fondée sur le sexe et le principe d’égalité entre femmes et hommes.
Mais le vrai combat, c’est celui de la mixité. Le jour où le terme « sport féminin » aura définitivement disparu du vocabulaire populaire, cet ultime combat sera gagné.