C’était une époque différente. Meilleure? Les anciens ont tendance à le croire. En ces temps-là, on pouvait briller au plus haut sommet du sport automobile tout en ayant une activité professionnelle principale. On roulait pour le plaisir, on ne vivait pas encore à l’ère de la spécialisation à outrance. Ainsi, Charles Ramu-Caccia, vigneron à Dardagny, canton de Genève. À la fin des années 1950, il participe à ses premières courses. La voiture est une Sunbeam. Suivront les Alfa Romeo, la Giulietta, la Giulia, bientôt la fameuse Tubolare (en tubes) carrossée par Zagato. Puis la GTA. La semaine, il travaille au domaine, le week-end, il participe aux courses du Championnat de Suisse, à des épreuves du Championnat d’Europe de la montagne.
Ce sera fait en 1971. L’École mécanique de Genève, sous la responsabilité du professeur Jean-Louis Burgnard, a dessiné et construit une jolie barquette de sport, prévue au départ pour être motorisée par un NSU 1300 cm3. Or, les règlements sportifs évoluant, cette classe de petite cylindrée est supprimée en championnat national et, face aux 1600 de la concurrence, le projet devient caduc. Oubliée pour toujours, celle qu’on a baptisée la Griffon? Non, car Charles Ramu-Caccia récupère moteur et boîte de vitesses d’une monoplace F3 que l’un de ses collègues a malencontreusement détruite. Sous les couleurs bleues de la «Tribune de Genève», la Griffon genevoise, pilotée par un Genevois, remporte le titre. Charles Ramu-Caccia tient sa promesse. Enfin, presque: on le verra encore longtemps, quelquefois l’an, au départ d’une course de côte au volant d’une spectaculaire Ford Escort, quand ce n’était pas en rallye, avec son copain Christen et une VW Scirocco.