La skieuse Dominique Gisin a obtenu la médaille d’or en descente lors des Jeux olympiques de Sotchi en 2014, à égalité avec la Slovène Tina Maze. Quelques mois plus tard, elle était sacrée sportive suisse de l’année. Ce double exploit couronnait une carrière parsemée d’accidents, de doutes, voire de désespoir.
Depuis lors, l’Owaldienne a cessé la compétition, mais elle ne semble pas vouloir relâcher la pression pour autant, comme le raconte le film « Dominique Gisin: une championne toutes catégories » à voir ci-dessus. « J’espère que je trouverai toujours quelque chose à faire », confie cette assoiffée de défis.
Un seul but: être championne de ski
Née à Viège en 1985, Dominique Gisin réside durant son enfance en différents endroits, à Zermatt, à Greifensee, en Engadine et à Engelberg. Douée et volontaire, elle est rapidement mise sur des skis. « Le ski nous a toujours passionnés, et nous profitions de toutes les occasions pour aller skier. Et elle a tout de suite aimé ça« , confie sa mère Bea Gisin. A l’âge de 7 ans, elle est inscrite au ski-club et à 11 ans, en 1996, elle gagne le Grand Prix Ovo. En plus de la médaille, elle reçoit une carte de Vreni Schneider et Mike von Grünigen, ses idoles. « C’est cet épisode, ce moment précis, qui m’a donné la motivation pour continuer sur ma propre voie« , confie la championne.
Dominique Gisin déménage en Suisse centrale. A 14 ans, elle est envoyée à Sarajevo pour participer à une course de juniors en slalom, à la place de Fabienne Suter. La jeune skieuse est aux anges. Elle n’est encore jamais sortie de Suisse et c’est à Sarajevo que Michela Figini a remporté l’or aux JO de 1984. Mais les réjouissances cèdent rapidement la place à l’effroi. « Tu espères trouver une belle ville entourée de montagnes, et au lieu de ça tu vois une ville complètement détruite, avec un seul hôtel ouvert et une seule banque. Cela m’a beaucoup touchée. J’étais très jeune et j’ai pu, pendant un instant, ressentir ce qu’était la guerre. Cette expérience m’a accompagnée tout au long de ma vie« , confie celle qui est devenue ambassadrice pour la Croix-Rouge en 2015.
L’accident qui fait tout basculer
Le retour au pays ne s’annonce pas non plus des meilleurs. Début 2001, Dominique Gisin participe à un slalom en Suisse centrale qui va bouleverser ses plans: « Après la première manche j’étais en tête, je pense même avoir été plus rapide que les meilleurs garçons. Mais pendant la deuxième manche, je me suis déchiré le ligament croisé du genou« , raconte-t-elle. Avant de poursuivre: « Pendant 3 ans, j’ai souffert des suites de ma blessure. Je me blessais, je revenais, et je me blessais de nouveau« .
Dominique Gisin se rend alors compte que son rêve de devenir une skieuse professionnelle pourrait ne jamais se réaliser. « Elle avait passé sans problème le numerus clausus en médecine, les examens pour la formation de pilote militaire, mais rien de tout ça n’avait la même importance« , commente Bea Gisin.
Passage à la vitesse
Mais Dominique Gisin est une battante et elle décide de ne pas abandonner. « Ça ne pouvait pas se terminer ainsi! Il y aurait eu quelque chose d’inaccompli pour moi« , témoigne-t-elle.
Le slalom présentant les plus grandes charges pour le corps, la skieuse passe aux disciplines de vitesse. « Au début, elle était totalement hors de contrôle, mais elle apprenait vite« , se souvient Dominique Pittet. Mais rien n’est décidément simple pour la jeune athlète. L’équipe ne lui fait pas le meilleur des accueils. Son amie Tamara Wolf, avec qui elle s’entraînait, a arrêté la compétition. En outre, elle éprouve le sentiment d’être en permanence sur un siège éjectable.
En 2009, elle remporte sa première course de Coupe du monde, à égalité avec Anja Pärson lors de la descente d’Altenmarkt-Zauchensee. Et six jours après, elle enlève la descente de Cortina d’Ampezzo. Mais aux Jeux olympiques de Vancouver un an plus tard, la chance l’abandonne: Dominique Gisin tombe à la dernière porte et se retrouve couchée à la ligne d’arrivée.
Puis suivent quelques réussites, notamment en super-G, mais aussi de nombreuses blessures, au ménisque et au métacarpe; de quoi la décourager. Heureusement, à Sotchi, même si elle se sent seule, comme toujours, la chance est avec elle. Et c’est la consécration.
« Pour moi le sport a été une grande école de vie. J’ai dû surmonter des moments très difficiles, recommencer constamment, et me relever. Mais si je regarde en arrière, je dois dire que le sport donne toujours des nouvelles occasions d’apprendre« , analyse la championne olympique.
RTS SPORTS