Pendant de longues heures, la victoire aux 24 Heures du Mans a semblé difficile à atteindre pour la Toyota 8. C’est pourtant bien elle qui s’est imposée avec cinq tours d’avance.

Cinq tours d’avance. Il n’y avait jamais eu un tel écart entre les deux premiers des 24 Heures du Mans depuis 2007. Pourtant, c’est un nouveau duel acharné qui s’annonçait entre les deux Toyota sur le Circuit de la Sarthe, et seules les averses annoncées – mais qui ne se sont pas matérialisées – semblaient pouvoir éliminer Rebellion de la course à la victoire, en raison de l’avantage que représentent les quatre roues motrices de la TS050 sous la pluie.

La Toyota 8 partagée par Sébastien Buemi, Brendon Hartley et Kazuki Nakajima a accumulé les ennuis en début de course, d’abord avec une crevaison après 50 minutes, puis ce qui a été qualifié comme un problème de refroidissement des freins. Manifestement, c’était le moins que l’on puisse dire ! « Nous avons un débris qui s’est coincé dans l’écope de frein, puis il a pris feu et a fait brûler l’intérieur de l’écope », explique Pascal Vasselon, directeur technique Toyota. « Il a fallu la changer. Nous n’avons pas changé les freins, seulement l’écope. »

La 8 a ainsi passé près d’un quart d’heure au stand, mais a profité d’une neutralisation par la voiture de sécurité pour ce faire, limitant sa perte de terrain à deux tours. Et quand la 7 de tête a connu un problème d’échappement requérant le changement du turbo également, la #8 s’est retrouvée dans une position idéale, les Rebellion s’étant avérées moins compétitives que prévu.

Encore fallait-il concrétiser. « Dès que la voiture 7 a eu un problème, nous n’avions qu’un objectif, qui était de gagner pour Toyota, donc la course a été très longue », souligne un Kazuki Nakajima qui avait vécu depuis le cockpit le terrible abandon de 2016 à un tour de l’arrivée. Le Japonais et ses coéquipiers se sont néanmoins parfaitement acquittés de leur mission et ont remporté une nouvelle victoire au Mans – la troisième consécutive pour Nakajima et Buemi, la seconde après 2017 pour Hartley.

C’est assez incroyable. C’est sûr que c’est un sentiment assez exceptionnel de se dire que nous avons maintenant gagné trois fois », se félicite Sébastien Buemi. « C’est sûr que nous sommes passés par tous les états d’âme : la course a vraiment mal démarré pour nous avec une crevaison, un problème de freins – nous avons bataillé avec une surchauffe des freins avant jusqu’au Safety Car où là, vraiment, nous nous sommes dit que c’était le moment de changer les pièces. Nous avons perdu deux tours. À ce moment-là, nous nous sommes dit que c’était terminé, que nous n’allions plus pouvoir gagner. »

« Quelques heures plus tard, la chance a commencé à tourner en notre faveur. D’un coup, nous nous sommes retrouvés en tête et nous avons fini par gagner la course. C’est la preuve, une fois de plus, que les 24 Heures, c’est jusque dans le dernier tour, c’est jusque sur la ligne d’arrivée que les choses peuvent changer. »

Brendon Hartley, quant à lui, a salué la contribution de ses coéquipiers à son adaptation à une « voiture très compliquée et rapide », lui qui a disputé sa première course pour Toyota au début de la saison 2019-2020, il y a un an. « À part quelques petits problèmes avec la voiture au début, et des choses qui ne sont pas allées en notre faveur, je pense que nous avons fait plus ou moins une course parfaite », estime le Néo-Zélandais. « Un groupe d’ingénieurs exceptionnel en coulisses nous a aidés à nous adapter à nos problèmes de freins, à trouver le bon équilibre, et tout a été vraiment bien exécuté. Je ne réalise pas encore, et l’émotion n’est pas vraiment la même sans les fans. »